Voici un article récent trouvé sur le site Les Echos :
C'est l'un des plus beaux spectacles que la nature nous a donné : contempler la voie lactée, admirer la splendeur de ses astres et simplement s'enivrer de cette vision. Mais plus que jamais, ce qui était autrefois un bien commun devient, sous l'action de l'Homme, un bien qui se raréfie.
A mesure que la pollution lumineuse s'amplifie, le ciel se vide en effet de ses étoiles aux yeux des êtres humains. Un tiers de l'humanité n'est aujourd'hui plus capable de distinguer la Voie lactée dans le ciel. Pour la première fois de notre Histoire, des générations entières n'ont ainsi jamais vu notre galaxie, explique « The Atlantic ».
C'est le constat de l'Atlas mondial de la clarté artificielle du ciel nocturne, une étude dirigée par Fabio Falchi, de l'Institut des sciences et technologies sur la pollution lumineuse, en Italie, et Chris Elvidge, de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique et publiée dans la revue « Science » . Cette étude s'interroge sur l'impact de la pollution lumineuse sur les êtres vivants sur Terre.
Fabio Falchi et Chris Elvidge étudient depuis les années 1990 la pollution lumineuse grâce à des images satellites. Ils viennent de publier un nouvel atlas du ciel nocturne et constatent que la pollution lumineuse est un phénomène qui progresse. Ils expliquent que 99 % des habitants d'Amérique du Nord et d'Europe dorment désormais enveloppés d'un léger brouillard créé par la lumière des villes.
Dans le parc national de la vallée de la Mort, au coeur de la Sierra Nevada, ces questions sont prises au sérieux depuis longtemps. Un programme spécifique a été mis en place, depuis 1996, pour combattre la pollution lumineuse. Si la zone reste assez préservée, elle est un endroit idéal pour constater l'impact des lumières artificielles, la nuit. Depuis le parc, il est en effet possible d'observer, à l'est, un dôme de lumière provenant de Las Vegas, et à l'ouest, un autre provenant de Los Angeles. Deux villes pourtant situées à plusieurs centaines de kilomètres de là.
Les autorités du parc encouragent donc les populations locales à gaspiller moins de lumière - c'est-à-dire utiliser des lampes qui dirigent et évitent la diffusion de la lumière
Mais la prolifération des lampes à LED inquiète les chercheurs. Pour Falchi et Elvidge, elles sont en grande partie responsables de l'aggravation du phénomène. Partout dans le monde, de nombreuses villes ont remplacé leurs vieilles ampoules à incandescence par des ampoules à LED, qui consomment moins, mais qui sont également plus lumineuses. Et ce n'est pas tout : les lampes à LED diffusent une lumière bleue, plus difficile à percevoir par les satellites.
Les auteurs de l'étude estiment que si les villes européennes continuent à s'équiper en LED, le ciel sera bientôt deux à trois fois plus lumineux durant la nuit qu'aujourd'hui.
S'il existe encore des zones où le ciel reste immaculé - 99 % du Groenland et de la Mauritanie, certaines zones de la Nouvelle-Zélande ou de l'Australie - la plupart des résidents des grandes métropoles ne savent plus à quoi ressemble le noir total. Si le phénomène progresse à ce rythme, observer la Voie lactée va-t-il devenir un privilège d'une élite suffisamment fortunée pour se rendre là où le ciel est resté immaculé ?
Mais d'ores et déjà, l'éclairage urbain a des conséquences sur notre horloge interne et le cycle du sommeil qui se retrouverait perturbé par un trop plein de lumières artificielles. Avec des conséquences sur la production de mélatonine, « l'hormone du sommeil », qui joue un rôle actif dans le prévention du développement des tumeurs cancéreuses. Mais pour l'heure, les études en la matière restent peu nombreuses.
Enfin, qu'en est-il des animaux qui dépendent du ciel étoilé et de la lune, pour se guider ? Plusieurs espèces d'oiseaux, de poissons, d'insectes ou encore de chauves-souris dépendent de l'alternance des cycles jour-nuit pour s'orienter. Une récente étude de la Royal Society Open Science donnait l'exemple des tortues de mer, qui à peine écloses, sont naturellement attirées vers la mer grâce au reflet de la lune. Mais désormais, nombre d'entre elles sont désorientées par les lumières artificielles et donc plus facilement attaquées par les prédateurs. Un phénomène dont on commence tout juste à mesurer l'impact.
J'ai relayé cet article car ça m'attriste vraiment.
J'ai la chance chez moi d'avoir un ciel superbe la nuit, je n'ai aucune ville alentours, ni aucune maison d'ailleurs.
Lorsque des amis de Bordeaux, Paris ou autres viennent à la maison, tous sont extasiés lorsque la nuit est noire et dégagée.
Je suis conscient de la chance que j'ai, car je considère cela vraiment comme un privilège.
Je passe des dizaines d'heures chaque année, toutes saisons confondues, à observer le ciel, à l'œil nu ou au téléscope.
J'adore ça, depuis toujours.
Pour moi, rester là et regarder le ciel étoilé, c'est un accélérateur de pensées, un dopage de la réflexion, un terreau extrêmement fertile à l'imagination. Le cerveau, abandonné au calme magnifique et à la grandeur de la nuit, fait jaillir des idées nouvelles, travaille autrement que le reste du temps.
Même si ça semble un peu cliché de dire ça, j'ai toujours vécu ces heures d'observations nocturnes comme une superbe expérience sans jamais m'en lasser.
Et je suis sûr que vous aurez fait le parallèle entre ces dernières lignes et ce dont nous parlons ailleurs sur la pensée.
Bref je suis triste pour les gens qui 'ont pas la chance de voir ça, triste pour ceux qui vont la perdre, triste encore une fois de voir l'humanité se priver d'un cadeau qui l'a toujours guidé à travers les âges.
Comme quoi nous sommes vraiment en déroute.