LA VERTE RENCONTRE
Comme beaucoup j'imagine, la première fois que j'ai connue cette plante, ce n'était pas sous sa forme naturelle.
Mais plutôt sous sa forme travaillée, autrement dit le shit.
J'ai connu la plante peu de temps après.
*******
L'INVITATION DU VOISIN
C'est un voisin algérien, que je croisais de temps en temps dans le bus allant au lycée, qui me fit connaitre la première bouffée. Un soir, sur le chemin du retour, m'ayant remarqué à plusieurs reprises, il m'invita chez lui. Puis, il m'invita dans une soirée entre amis.
En tant que jeune novice de l'intoxication volontaire, cette soirée allait me marquer pour très longtemps. Nous étions une petite dizaine dans un appartement, installés confortablement. J'étais, comme à mon habitude, très attentif à ce qu'il se passait autour de moi.
Les gens qui arrivaient se disaient bonjour, s'asseyaient, sortaient le paquet de cigarettes, le paquet de feuilles OCB et...des petits blocs marron-noir à peine plus grand que des carrés de sucre.
Nous avions des occupations différentes: nous étions soit à la Fac soit employés ou chômeurs.
Mais quasiment tous les convives en avaient. Mon ami me présenta aux autres comme pour les rassurer mais surtout pour les mettre au courant que je n'avais jamais pratiqué.
J'ai eu de la chance d'une certaine façon car c'était des jeunes qui se limitaient à ce genre de drogue douce et n'allaient pas plus loin. Juste de l'alcool, du Coca-cola et du jus d'orange pour agrémenter et pour éviter la déshydratation.
Une première tournée de cigarettes joyeuses commença à tourner et finit par arriver jusqu'à moi.
Mon ami gardait son attention sur moi car la cigarette normale, c'était une fois tous les mois pour moi...c'était histoire de.
Donc, un de ses joints pris position entre mes doigts et je me décidais à prendre une première bouffée, puis une deuxième tranquillement...pour en finalité en prendre cinq et le laisser continuer sa route.
Je ressentis les effets assez rapidement. Ce soir là, tout se passa bien...pas de problème. Je repartis tard de cet appartement avec mon ami qui en sortant me demanda si ça allait. Je lui dis que oui, que ce fut agréable mais que j'avais bien fait de ne prendre qu'un whisky-Coca sinon cela aurait pu être différent.
A cette époque, j'avais déjà cette passion pour les réflexions profondes et en repoussais les limites régulièrement. Mais j'étais aussi quelqu'un de solitaire qui ne s'extériorisait que très peu. Jamais de boites, peu de soirées entre camarades de classe: ça m'allait, ça me suffisait et j'étais bien ainsi.
Le fait d'avoir pénétré dans ce monde de rêveries allait chambouler un peu mes habitudes. Je suis resté le même sauf que je commençais à me désinhiber et à n'avoir plus d'appréhension envers ceux que je côtoyais. Cette phase a duré deux ans mais quel bonheur de m'être débarrassé de mes freins psychologiques.
*******
Donc, après cette soirée, il y en eu d'autres et d'autres, pendant lesquelles je connus tous les principaux états d'euphorie et de coma spontané. Ce genre de moments, lorsque vous y repensez, soit vous n'en êtes pas fier ou soit vous en souriez encore.
Avec le temps, je me dis que ce qui devait être vécu devait l'être pour que j'apprenne à me fixer les limites que je désirais: à savoir jusqu'où je souhaitais aller sur cette route quelque peu sinueuse car souvent mal fréquentée et pleine de mauvaises tentations.
J'ai toujours été quelqu'un qui se satisfaisait assez facilement du peu qu'il possédait déjà.
Donc, je n'ai jamais cédé aux stupéfiants supérieurs. Pour deux raisons: bien que quelque chose dans sa constitution me gênait, le shit me suffisait et la deuxième raison, c'est que je ne souhaitais pas cautionner ceux qui géraient les niveaux supérieurs. Je ne les nommerais même pas par des noms d'oiseaux car ils n'en valent pas la peine, ces marchands de mort.
RENCONTRE DANS UNE BAIGNOIRE
Puis au bout de quelques mois nous fûmes invités, mon ami et moi, chez un de ses potes pour une dégustation naturelle lui avait-on dit. Durant tout le trajet, il paraissait impatient; comme s'il allait faire quelque chose qu'il ne faisait que très rarement.
Nous arrivâmes chez son ami, qui nous emmena dans sa salle de bain. Interloqué, je n'en compris pas de suite la raison...mais bon, on le suivi.
Il avait une baignoire dans sa petite salle de bain qui était recouverte d'une petite bâche noire en plastique. Il dit à mon ami que c'était tel prix pour un pied. Je ne comprenais pas mais je sentais qu'un nouveau palier dans la connaissance de la fume récréative allait être franchit.
Son pote souleva la bâche et là, dans la baignoire, étaient couchés des pieds d'1,50m environ.
Mon ami n'en pris pas car il logeait chez ses parents mais nous en avons fumé ce soir là.
Et là, dans ma tête, tout se mettait en place, le processus de transformation de la plante, ce qui était naturel et ce qui l'était moins, etc...
Lorsque j'y repense, je me dis que ces pieds étaient bien maigres et très très peu fourni: en gros, une arnaque. Mais, c'est à cet instant que je tombais réellement amoureux de cette plante et de bien d'autres plantes non consommables.
Comme je le disais quelques lignes plus haut, cette période de ma jeunesse dura deux ans.
Le cercle de connaissance que m'a fait connaitre mon ami se disloqua pour des malentendus mais surtout parce qu'il fallait pour chacun d'entre nous appréhender cette vingtaine qui frappait à notre porte. Mon ami, lui, à fumer bêtement comme il l'avait fais durant ces années, disjoncta totalement. Il passa près de 6 mois à ne pas prononcer un mot; que ce soit chez ses parents ou chez moi. Ce qui me valut d'être soupçonné comme étant la cause de ses tourments.
Je lui ai parlé. Lui, a écouté avec un sourire perdu dans le vide et nous nous sommes quittés.
CE FUT POUR MOI LA LEÇON A RETENIR...
Je venais d'apprendre la première vraie leçon concernant le chanvre récréatif. A savoir que tout le monde n'est pas apte à consommer et à assumer les éventuelles conséquences qui peuvent se déclarer si l'on est trop fragile mentalement.
Il y a une façon de consommer qui demande un certain cadre mental à avoir.
Depuis tout jeune, je connaissais via les traumas et secrets familiaux, l'impact terriblement dévastateur des névroses familiales.
Depuis cette expérience psychédélique, je sais que pour certaines personnes fumer provoquent des allers sans retour vers leurs traumas et en restent marqués à vie.
La plupart des gens que j'ai pu recroisés de cette époque m'ont ignorés lorsque je venais vers eux juste pour leur dire bonjour ou ont changé de trottoir.
Ils se sont soit assagit (en oubliant cette partie de leur passé) ou ont définitivement quittés notre réalité; en perdant la raison ou pire...
*******
Mon témoignage n'est pas pour ou contre le cannabis, il ne condamne pas et il ne vante pas le cannabis: je veux juste témoigner de l'importance de la saine configuration mentale qu'il faut avoir pour côtoyer le cannabis.
Comme je le disais il y a encore peu de temps, fumer pour se défoncer est une idiotie sans nom: dans cet extrême, on est toujours persuadé de gérer mais c'est surtout toujours une illusion aux conséquences dévastatrices.
S'il on est consommateur il est préférable, à mon sens (ce n'est que mon avis), de calquer la consommation de cette plante ancestrale sur la cérémonie du thé comme le pratique les japonais par exemple. On fume moins et on apprécie plus.*******
Je rappelle, pour la forme, que dans notre pays le cannabis n'est pas légalisé et il est donc interdit.
Il commence très très timidement à apparaître dans certains médicaments.
Je rappelle également pour la forme que fumer tue ou cause des maladies graves.
C'est pour la forme, je suis obligé...mais chacun fait ce qu'il veut.