Un chien andalou (Un perro andaluz) - Luis Buñuel

Invité à passer quelques jours chez Dalí à Figueras, Buñuel raconta à son arrivée qu'il avait rêvé, peu de temps auparavant, d'un nuage effilé coupant la lune et d'une lame de rasoir fendant un œil. De son côté, Dali lui raconta qu'il venait de voir en rêve, la nuit précédente, une main pleine de fourmis. De ces rêves, ils décidèrent d'en faire un film.





"Un chien andalou" est le film surréaliste par excellence. Son scénario est écrit en six jours par Buñuel et Dalí qui travaillent sur le mode du "Cadavre exquis".

Citation :

Le Dictionnaire abrégé du surréalisme donne du cadavre exquis la définition suivante : « jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu'aucune d'elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. »

Ce jeu littéraire a été inventé à Paris, au 54, rue du Château, dans une maison où vivaient Marcel Duhamel, Jacques Prévert et Yves Tanguy. Le principe de ce jeu était que chacun des participants écrive à tour de rôle une partie d'une phrase, dans l'ordre sujet-verbe-complément, sans savoir ce que le précédent a écrit.
La première phrase qui résulta et qui donna le nom à ce jeu fut « Le cadavre – exquis – boira – le vin – nouveau ». Il fait parti des créations inspirées par le concept d'inconscient, souhaitant explorer ses ressources.

L'étrangeté de l'ensemble est délibérément onirique, selon le principe surréaliste défini par André Breton dans son Manifeste du surréalisme. Ainsi, dans "Un chien andalou", rêve et réalité sont deux instances complémentaires :

   « Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, la surréalité […] c'est à sa conquête que je vais. »

Si "Un chien andalou" est à l'origine un film muet, lors de la première projection en public il fut accompagné d'une sonorisation exécutée par Buñuel lui-même avec des disques : Tristan et Isolde de Wagner, ainsi qu'un tango argentin. En 1961 il en réalise une sonorisation définitive, qu'il dit conforme à celle de la première projection.





Les rôles principaux sont tenus par Pierre Batcheff et Simone Mareuil, acteurs qui côtoierons le milieu surréaliste à plusieurs reprises. Tous deux tournèrent jusque dans les années 30.

Pierre Batcheff (Piotr Bacev),acteur français d'origine russe, décède le 12 avril 1932 à Paris d'avoir pris une dose létale de Véronal (barbiturique).

Simone Mareuil quant à elle, tourne jusqu'en 1939. Après la Seconde Guerre mondiale, elle retourne dans sa région natale. Victime de dépression, elle s'immole par le feu sur une place publique et décède le 24 octobre 1954.