Les tumuli de l’île des Pins
Nouvelle-Calédonie
OcéanieL’île des Pins se trouve à 65km au large de la Nouvelle Calédonie.
Considérée comme une des plus belles îles au monde , ses alentours sont parsemés de plus de 300 tumuli, ou tertre de sable et de gravier.
Ces tumuli ont une hauteur de 2.50 à 3 mètres et un diamètre allant jusqu'a 90 mètres.
En 1960 , L.Chevalier entreprend des fouilles dans 4 de ces tumuli.
Et la découverte dépasse ce à quoi il s'attendait.
Au centre de chacun des trois tumulus examiné se trouve une colonne en ciment , et deux colonnes côte à côte sur le quatrième.
D'un diamètre de 1 à 2 mètres et d'une profondeur de 2.5 mètres, ces cylindres en ciment sont composés de chaux et de mortier incluant des fragments de coquillages.
La chaux étant obtenue par calcination du corail, on ne trouve aucun fragment de bois ou charbon aux alentours.
De plus l'utilisation de la chaux est selon les archéologues restée inconnue en Nouvelle Calédonie jusqu’à l'arrivée des premiers européens, soit il y a deux siècles.
Pourtant la datation de ces cylindres au carbone 14 situe leur fabrication entre - 11 000 et - 5000 ans av JC.
Cette date est en totale contradiction avec les dates d'occupation de la Nouvelle Calédonie données par les archéologues.
En effet ceux-ci attestent que les premiers habitants de cette île ne sont arrivés qu'a partir de - 1300 av JC.
Selon L. Chevalier, ces colonnes de ciment sont d'origines humaines mais également l'édification des tumuli.
Ceux ci sont un amas volontaire de sable et de gravier du lagon réalisé délibérément par la main de l'homme.
Ces tumuli posent beaucoup de problèmes quant à savoir la civilisation à l'origine de tout cela car aucune civilisation n'est
censée être présente dans cette région avant plusieurs milliers d'années.
Les fouilles de L.Chevalier ne font apparaître aucun fragments d'outils qui auraient pu servir a la fabrication.
Ces fouilles se poursuivent et il décide de creuser un puits parallèle pour en savoir plus sur ces colonnes de ciment.
Il s'apercoit qu'elles sont calées à leur base par des rognons de fer ainsi que le long du cylindre pour le maintenir en place.
Arrivé à la base du cylindre , l'équipe décide de creuser encore et découvre sous la colonne de ciment , une toupie inversée
dont l'extrémité se situe au centre du cylindre.
Situé 40 cm sous la colonne , cette toupie est faite d'une roche d'oxyde de fer et mesure 2.5 m de haut.
Placée délibérément sous la colonne , personne n'a aucune idée de ce que signifie cette toupie.
L.Chevalier n'étudiera que quatre tumuli parmi les 300 de l’île et aucun autre chercheur n'entreprendra de fouilles après lui.
Il s'agit de la seule étude sur le sujet.
Voici la conclusion de son rapport sur cette affaire :
"Les tumulii de Nouvelle-Calédonie sont indiscutablement le résultat d’une activité humaine ancienne dont on ne recueille aucune trace
dans la tradition locale, sinon qu’une simple constatation. Rappelons que la fabrication et l’utilisation de la chaux ne furent connues des
autochtones qu’avec l’arrivée des missionnaires en 1843.
On reste perplexe devant l’importance du travail exécuté pour l’érection de ces monuments. Quand on pense qu’un tumulus représente en moyenne, l’entassement d’un volume de 200 m3 et qu’il y a, à l’île des Pins seulement, plus de 300 tumuli, on est en droit d’imaginer une main-d'œuvre importante. Or cette main-d'œuvre, pendant son séjour sur l’île, pendant l’exécution des travaux, a bien dû laisser des traces de son passage, de sa vie, de ses activités... Il a bien fallu que ces gens se nourrissent, qu’ils cultivent...
Autour des tumulii, sur le plateau central, l’activité et le travail ont dû être très grands... Or,jusqu’à ce jour, aucune trace, aucun indice, aucun vestige, soit sur le plateau, soit à l’intérieur, soit à l’extérieur du tumulus n’a pu être trouvé pour répondre, en partie au moins, à toutes ces questions.
Enfin, une dernière question se pose à notre esprit : les gens, auteurs de ces tumuli connaissaient parfaitement le principe de
fabrication et d’utilisation du mortier pour l’érection du cylindre.Pourquoi n’ont-ils pas utilisé de telles connaissances pour d’autres travaux, d’autres réalisations, leurs habitations, par exemple... ?
Auraient-ils réservé ces connaissances aux seuls tumuli conférant ainsi à ces monuments un caractère particulier pour ne pas dire sacré ?
Si ce modeste travail a apporté quelques informations sur le contenu des tumuli calédoniens, on a vu aussi se soulever un certain nombre de questions autant énigmatiques les unes que les autres en particulier celle de l’absence pour l’instant de toute trace d’objets façonnés.
N’oublions pas qu’il a été inventorié plus de 300 tumuli et que 4 seulement ont été fouillés... "
Luc Chevalier, conservateur du musée néo-calédonien.L'intégralité de son étude peut être consultée ici :
http://www.archeologie.nc/docus/tumulcheval.pdf