Souvenirs de l'Iran des années 1970

Pour la situer, imaginez une dame menue née en 1940, enfant de la Seconde Ânerie Mondiale qui à l'âge 51 ans, en exposition à ses proches avant l'inhumation, offrait un sourire naturel, son sourire...entourée de sa belle chevelure (mode coiffure années 60) blanche qu'elle arbora jadis blonde platine.

Dix ans auparavant, son mari parti en éclaireur et quitta le sentier de la vie. Ils travaillaient tous deux chez Renault, la grande succursale qui existait alors à Orléans. Beaucoup d'heures, bien payés et économes, ils devaient prendre leur pré-retraite ensemble à 45 ans. Il est parti avant.
Alors ayant hérité de son mari, n'ayant pas pu avoir d'enfants, elle décida de remplir sa vie comme ils auraient dû le faire à deux: à voyager.

A 6 ans, fine brindille qui commençait à peine à vibrer des effluves de la vie, je me souviens de la première rencontre, chez elle. En pleine semaine, un après-midi autour d'un thé, dans un appartement de ceux qui possèdent des moulures au plafond et aux arêtes ainsi que des renforts typiques de bois nobles en bas de tous les murs du salon et de ses petits couloirs avenants.

Ce n'était pas une dame qui était ostentatoire, ils avaient voulu récompenser le fruit de leurs efforts petit à petit, rien d'exceptionnel. La chose qui vous mettait à l'aise avec elle, c'est qu'elle avait une voix qui vous obligeait à être positif, une voix qui vous prenait en charge...Douce, quoi.
Avec ce soupçon vous savez, ce soupçon dans l'aura de la voix qui laisse deviner une personne qui a eu une vie déjà bien remplie en expériences mais qui étrangement n'en fait pas étalage.


Sur une période de dix ans, je ne l'aurai vu que sept fois. Mais je me souviens par bien des bribes de chacune d'elle.
Lorsqu'elle partait en voyage c'était pour elle l'occasion de remplir un gros album photo taille familial (oui c'est ça, c'est bien celui auquel vous pensez) de ces lieux qu'elle avait foulé. Et dès la première fois, elle me fit rêver à me raconter des petites parties d'histoire correspondantes à ce que j'admirais des yeux. Je me souviens, je ne voulais jamais partir de chez elle.

Tout cela pour en venir à cette courte vidéo qui a initié cette idée de sujet, un peu mélancolique peut-être. Elle rappelle très rapidement l'évolution de l'Iran d'un point de vue social et spirituel provoquant une régression sans précédent.

Les premières images m'ont immédiatement ramené à ces instants passés avec elle. Surtout celui de l'Iran. Elle avait prise des clichés de monuments (certains détruis aujourd'hui) ainsi que des photos d'elle avec des iraniens, iraniennes de tout âge.
Pour ainsi dire, de quoi pouvoir établir le portrait type d'une famille de l'époque, c'était d'ailleurs en 1971. Il y avait des sourires, une façon de s'habiller, des coiffures!!!...Ça respirait une certaine joie de vivre euh hein! Je m'y connais en joie de vivre avec peu mais un esprit libre. Là, moi, quand je vois ça, je me dis "On est de la même famille!".